Affiches du Festival de Cannes
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CANNES, mémorie de Festival
http://www.festival-cannes.fr/fr/archivesPage.html
En 1938, le monde du cinéma est en effervescence : l’édition annuelle de la Mostra de Venise a de fâcheux relents politiques dont n’a pas besoin le Septième art. Le cinéma doit garder la liberté qui fait sa force, et doit se trouver un nouveau festival, « un Festival modèle, le Festival du monde libre ». Après de nombreux pourparlers, une nouvelle fête du Film voit donc officiellement le jour à Cannes, en 1939. Mais la guerre a raison de la fête et l’ouverture n’aura jamais lieu.
Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’année 1946 pour voir la toute première édition du Festival international du Film et ses premiers Grands Prix. Ils sont au nombre de onze au total puisque, comme l’a voulu le Comité de direction du Festival, chaque pays participant se voit attribuer un Grand Prix pour le meilleur film qu’il aura présenté (c’est La Symphonie pastorale de Jean Delannoy qui récompense la France). Ce choix initial ancre le Festival dans une optique de rencontre internationale de cinéma, davantage que dans une optique de simple compétition.
En 1947, les Grands Prix ne sont plus attribués par pays mais par genre. C’est ainsi qu’on trouve les dénominations de « Grand Prix » pour le meilleur film psychologique et d’amour (Antoine et Antoinette de Jacques Becker), ou pour le meilleur dessin animé (Dumbo de W. Disney). Les éditions qui suivent, jusqu’en 1954 (à l’exception de 1948 et 1950, annulées pour cause de problèmes logistiques et budgétaires) ne décernent plus qu’un seul Grand Prix par année, chaque lauréat recevant également une œuvre originale d’un artiste contemporain.
Année majeure dans l’histoire des récompenses, 1955 voit la naissance de la première Palme d’or, attribuée au meilleur film de la sélection officielle, et qui remplace donc l’ancien Grand Prix. Le premier film à remporter le trophée sacré est Marty de Delbert Mann. Le symbole de la palme est tout simplement emprunté aux armoiries de la ville de Cannes, station balnéaire où se dressent des centaines de palmiers – Venise avait bien son Lion, et Berlin son Ours. La légende voudrait que ce soit Jean Cocteau qui ait imaginé sa longue forme effilée mais, en réalité, plusieurs joailliers furent invités à présenter leur dessin et celui de la créatrice Suzanne Lazon fut retenu. Une sculpture est alors réalisée d’après le dessin, déposée sur un socle sculpté par l’artiste Sébastien. Objet de fantasme et symbole mythique, la Palme d’or est encore aujourd’hui le cœur du Festival.
En 1964, le conseil d’Administration décide d’abandonner la Palme et de revenir à nouveau au Grand Prix. Les années qui suivent voient la consécration de Claude Lelouch avec Un homme et une femme, ainsi que celle d’Antonioni, Altman, Visconti ou Coppola. Le Grand Prix demeure jusqu’en 1976, pour être à nouveau remplacé par la Palme d’or.
En 1978 est créé le Grand Prix spécial du Jury – qui deviendra en 1990 le Grand Prix – supposé avoir la même importance que la Palme d’or. Il s’agissait en fait de régler le problème récurrent auquel se heurtait le Festival, « accusé » de ne pas donner assez d’importance au « cinéma de recherche ». La création d’un nouveau prix devait résoudre ce problème : la Palme d’or irait au meilleur film grand public. Le Grand Prix spécial irait au film le plus novateur. La distinction ne se fera en réalité jamais vraiment sentir, mais ce Grand Prix deviendra immédiatement une récompense internationale majeure et hautement courtisée.
Sont également décernés, pour les films en compétition de la Sélection officielle : le Prix d’Interprétation féminine, le Prix d’Interprétation masculine, le Prix de la Mise en scène, le Prix du Scénario, le Prix du Jury et le Prix de la Critique internationale. Ces prix se sont créés au fil des années, certains apparaissant, d’autres disparaissant au hasard des jurys ou de l’actualité (comme le Prix de l’humour poétique en 1956 ou le Prix Gary Cooper en 1963), preuves d’un festival toujours en mouvement.
La sélection « Un Certain Regard », créée en 1978, complément parfait de la Compétition du Festival, rassemble les sections non compétitives et présente des films de tous horizons et de tous genres. Le Prix « Un Certain Regard » voit le jour un 1998 et récompense le meilleur film de la Sélection. En 1978 est également créé le prix de la Caméra d’Or, qui récompense le meilleur premier long métrage présenté dans l’ensemble des sélections. Créée en 1998, la Cinéfondation présente chaque année une quinzaine de courts et moyens métrages d’écoles de cinéma du monde entier, dans le cadre de la sélection officielle, afin de promouvoir la recherche de nouveau talents. Il existe également une Palme d’or du court métrage.
Une seule Palme a été décernée à une femme en 1993 (Jane Campion avec La leçon de piano), et une « Palmes des Palmes » a été remise en 1997 à Ingmar Bergman, pour l’ensemble de son œuvre.
Le Festival international du Film est officiellement devenu le Festival de Cannes en 2002.
« Les récompense remises, le festival terminé, en votre nom à tous, je dédie une Palme d’or imaginaire à ce ciel invisible, à la mystérieuse fraternité des images de la terre heureuse et de la terre sanglante ou menacée – dans laquelle Chaplin et Eisenstein s’unissent aux plus jeunes d’entre vous, à l’invisible rêve des hommes que vous incarnez tour à tour, et que les premiers, vous incarnez pour tous les hommes. »
André Malraux, discours de clôture du Festival de Cannes 1959